Avoir le choix

17 décembre 2012

L’égalité souffre t-elle des exceptions ? Existe t-il des discriminations injustes comme le laissait supposer l’église catholique dans une de ses démarches récentes, forcément preuve de son immense bonté, qui visait à éradiquer cette dimension envers les homosexuels dans le monde ? Même si l’on fait preuve dans sa tête et son corps d’une immense souplesse, il est des principe qui ne peuvent connaître de géométrie variable…

Dans le même ordre d’esprit, ce principe doit s’appliquer bien eu delà de son confort et/ou désir personnel. Une revendication de cette sorte ne peut que se concevoir d’abord pour autrui.

C’est pourquoi la manifestation qui ralliait la Bastille aux jardins du Luxembourg le 16 décembre et le combat soutendu -qui retrouvera le chemin de la rue le 27 janvier prochain à la veille de la présentation du texte sur le #mariagepourtous et l’adoption pour les couples de même sexe devant l’Assemblée Nationale- revêt une grande importance. La foule hétéroclite dans ses genres représentés et bariolée qui composait le cortège en est la preuve. L’altérité avait droit de cité. Il suffit d’avoir connu l’homophobie ou toute forme de  racisme une fois dans sa vie pour le ressentir et le porter en soi.

Le débat actuel -car ce débat existe n’en déplaise à ceux qui le nie par volonté d’éradiquer la moindre tentative d’évolution du monde dans lequel nous vivons- possède l’avantage de dévoiler les vrais visages de chacun. A défaut d’être devenue civilisée réellement, la société dans laquelle nous vivons a depuis longtemps appris aux plus raides des siens, à ses extrémistes ou égoïstes de tous poils, à camoufler leurs idées, arrondir leurs discours.  Au moins la préparation de ce texte de loi a-t-elle le mérite de délier les langues, de déchaîner la passion négative, l’aigreur étant bien souvent le poisson pilote de leurs pensées souvent mal odorantes. Même les plus suaves en apparence qui se retranchent derrière le confortable principe « soixantehuitard » du droit à faire ou être différent renforcent la cohorte des rigides, des anti-évolutionnistes et de leur monde compassé.

Ce fut bien-être et un accomplissement dimanche de rejoindre des grands, des petits, des gros, des blonds, des noirs, ainsi que toute cette foule de gens quelle que soit leur sexualité. Car sur le pavé, les hétéros par leur seule présence -et ils étaient au moins aussi nombreux que les invertis- permettaient pour une fois d’aborder la vie aussi sans segmentation originelle. Putain ce que ça faisait du bien !

Que je comprends les pédés et les gouines qui en ont marre d’avoir à se battre. Qui souffrent en entendant chaque jour apporter son lot d’insanités, de trivialités tout autant que de différenciations ou stigmatisations, toujours douloureuses, quelle que puisse être l’épaisseur de la carapace forgée au fil des années. Cela fait 30, 40, 50, 60 ans que chacun d’eux dégustent chaque jour une, deux…, dix gorgées de ce breuvage. Déjà, ils ont souvent à combattre pour vivre le quotidien, pour au mieux faire semblant de ne jamais entendre -et pas être entamés- les réflexions qui se veulent drôles (quelques fois), ou les piques quand ce ne sont pas les marques d’agressions caractérisées. Alors, et même si je ne suis pas de ceux là, même si je suis toujours en garde, même si je n’ai jamais refusé un combat, même si je n’ai jamais baissé les yeux… et que je garde en mémoire et rafraîchie régulièrement la liste de ceux et celles qui m’ont attaquée pour la seule raison de ma liberté et de ma sexualité… je comprends les autres… Ceux qui préfèrent respirer définitivement moins fort. Et qui, pour ne pas avoir de mauvaise surprise, une fois encore, préfèrent attendre la fin des débats parlementaires. Ils payent pour voir.

Pour voir si notre représentation nationale et le premier magistrat, auront le courage d’aller jusqu’au bout. Ou non… Pour eux mêmes alors goûter de la liberté d’avoir le choix. Et de décider de se marier… Ou non. Et s’ils en ont encore l’âge, d’avoir des enfants… Ou non.

Ambiances

  1. Anne de Tienda
    at 17 décembre 2012

    Bravo pour ce texte, bravo aussi pour ce combat qui relève d’une relève nécessaire dans un monde ou la liberté d’aimer devrait figurer en première ligne de toutes les constitutions…